L’Église ne cesse de déclarer son intention de mieux reconnaître la place des femmes en son sein. Si quelques évolutions vont dans ce sens, elles restent toutefois timides. Elles suscitent souvent des résistances et des oppositions parfois très vives. Ces blocages, plus profonds qu’il n’y paraît, témoignent de la difficulté à penser un féminin, paradoxalement d’autant plus célébré qu’il est minoré, marginalisé dans les faits. Dans cet essai stimulant, la théologienne Anne-Marie Pelletier propose de revisiter quelques aspects de l’histoire de la relation de l’Église aux femmes. Elle nous permet d’identifier la manière dont se sont constitués des préjugés, qui continuent à hanter les esprits, en freinant des évolutions aujourd’hui nécessaires. Si l’auteur n’hésite pas à poser des questions dérangeantes, son objectif n’est ni de s’enferrer dans une logique de procès, ni de disqualifier la tradition qui porte jusqu’à nous le trésor de la foi. En revanche, il s’agit de percevoir que des convictions passant pour révélées en anthropologie chrétienne ne sont que le fruit d’un accommodement de la foi aux représentations culturelles d’un moment. Ce faisant, il s’agit de désencombrer les sources vives de l’Évangile pour que celui-ci déploie sa puissance de nouveauté et de vie en un temps qui appelle de courageuses révisions institutionnelles.
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L’AUTEUR. Agrégée de lettres, docteur en sciences des religions et professeur émérite des universités, Anne-Marie Pelletier a consacré une grande partie de ses travaux aux questions d’herméneutique biblique (D’âge en âge, les Écritures, Lessius, 2004). Elle mène aussi depuis plusieurs années une réflexion autour du féminin à l’aune de la révélation biblique (Le signe de la femme, Cerf, 2006 ; L’Église, des femmes avec des hommes, Cerf, 2019).
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L’Eglise et le féminin, Anne-Marie PELLETIER, Salvator, sept. 2021 – 176 pages – 17,80€ ; existe en ebook à 12,99€
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Des extraits de ce livre ont servi de support à la rencontre du 22 Janvier 2023 organisée dans le cadre des rencontres “Parlons-en” du groupement paroissial d’Eaubonne, le texte figure dans « L’Eglise : des femmes avec des hommes ».